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Presseretour

"Le fil des fils" Gérard Bailhache, philosophe

Vous prenez un fil puis vous le tirez. Il vous prend la main et ne vous lâche plus. Ensemble, vous tracez l'inconnu et façonnez l'espace de vos songes. La forme apparaît. Ces traits d'un visage créent la place et dessine le vide. Le visage n'est pas plein, il est habité par la simple distance qui appelle le toucher. Il est maintenant posé dans notre monde et ses lignes presque évanescentes intriguent nos regards. Nos yeux s'arrêtent, saisis par l'espacement du fil. La légèreté inquiétant de l'oeuvre dessine une paix imprévue. Il y a là entre nous une inhabituelle légèreté méditante. Les multiples contorsions sinueuses créent une forme souveraine s'imposant par son silence. L'obstination des mains au travail dans la patience des jours a laissé naître des suspens d'existences fragiles. Nos yeux voient plus qu'ils ne voient. Ils aperçoivent la lueur d'un secret que le fil ici déposé indique sans l'enfermer. La beauté à l'oeuvre s'offre dans les contours du vide jusqu'ici inaperçu; le fil ne l'enferme pas, il le trace, le dessine, le caresse et reconduit nos pas vers les humains pleins de vide. Là où passe le souffle, l'espace que la main de l'artiste a tracé est cet ouvert où chacun de nous, énigmatique, surprenant, est secrètement vivant. Myriam Paoli le réveille en le traçant sans fin car il n'est jamais épuisé. La vie tient à un fil et ce fil de beauté esquisse en nous une nouvelle joie. Gérard Bailhache, philosophe