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Presseretour

Anne Chabert d’Hières

Myriam Paoli entrepose un fouillis de fil de fer, de morceaux de verre brisés, de trucs en vrac et de machins sur le déclin. Dans son espace, tout y pique, se tord, vrille, casse… et pourtant, tout y tient quand-même. My trace en fil de fer, l’espace qui relie nos bribes d’être. Elle fait tenir nos tentatives fragiles et hétéroclites. Elle esquisse l’énergie de nos réparations. Car elle répare sans réparer… elle re-pare, ça repart. Son atelier est une fête. Elle nous ouvre le droit d’y être fragile et debout, brisé et tout entier, tombant et dansant, un peu et beaucoup. Avec son fil, My donne à ressentir son expérience et ce qui en a jailli. Elle a accompagné longtemps des personnes qui ont un handicap mental. Elle s’est approchée d’elles. D’âme à âme. Elle a laissé résonner ses propres failles… Car elle croit que « ce sont ces brisures même qui nous rendent nous-mêmes, qui nous font …intéressants ». En regardant ses œuvres, je sens que je suis comprise, inscrite dans la vie qui se dessine aussi aux lignes de mes cicatrices. Je suis invitée à élaborer, construire, ré-échaffauder mes « équilibres fragiles et géniaux… précaires ».