Biographie
Commencement
« Au commencement il y a eu le panier à salade en fil de fer : le monde transparent sur fond de ciel bleu. En Pénélope besogneuse, j’ai détricoté la bobine en tirant sur le fil, et je ne l’ai plus lâché… Éducatrice spécialisée pendant 20 ans, j’ai animé des ateliers de création et d’expression avec des adultes en situation de handicap mental ; à leur contact, nos mains improvisaient des histoires au gré de nos sensibilités.
Suite à un accident, j’ai ressenti le besoin de tracer mon propre chemin. Avec ma première bobine, mes dix doigts et ma pince, j’ai commencé à tisser ma toile : le trait devenait trace, le fil devenait trame, la trame devenait forme et s’animait. D’abord en « Réparures », je reconstituais des puzzles d’objets brisés pour leur redonner vie. Imaginaires ou inachevés, les visages sont ensuite apparus souriants ou mélancoliques, sans doute mes états d’âme. Le manège s’emballe, les animaux font leur parade, les ombres portées amplifient la musique et l’abstraction se dévoile en rythmes et vibrations.
Sur le plan technique, l’improvisation est de rigueur ; le fil et moi traçons ensemble en tâtonnant, la surprise est au bout, l’ombre portée apporte sa magie. Parfois, les contraintes sont trop fortes ; alors, comme Ariane, je tire sur le fil pour sortit du labyrinthe et écrire d’autres histoires… Il n’est pas étonnant que dans mon Panthéon se côtoient Giacometti, Matisse, Calder et Morandi. »
Myriam Louvel
Artiste sculptrice

Ils en parlent

« Ce que je remarque c’est d’abord cette impression de délicatesse, de fragilité, de vulnérabilité, antithétique avec la matière : le fer. Le fer évoque plutôt quelque chose de frustre, de grossier, de brutal. C’est la machine, l’arme, Mars, la guerre. Myriam Paoli joue là-dessus et c’est bien. Si elle le faisait avec un matériau plus noble, plus précieux, cela deviendrait vulgaire, voire ridicule…
Etrangement quand je vois ces œuvres, cela me donne le sentiment d’êtres, d’objets qui auraient subi par exemple, un souffle atomique. Il n’en resterait qu’une structure fragile mais encore vivante qui les définit complètement. Voilà qu’il me vient une image inconsciemment, c’est très curieux. C’est l’image des bulles de savon au moment où elles vont disparaître. Il y a comme une fine structure qui les définit, qui s’amenuise de plus en plus et hop ! elles disparaissent. Reste que ces structures n’ont rien à voir avec le squelette… Elles définissent un vide qui devient plein, c’est presque plus ce que définit le fil de fer qui est important que le fil lui-même… Cela peut faire penser à certaines peintures chinoises et japonaises et cette philosophie du plein et du vide…
Il est évident que le fait de ne pas utiliser de soudure aide à créer le sentiment de liaison, de fluidité, de circulation… C’est plus du domaine de la calligraphie dans l’espace (outre ce qui est écriture même) … »
Pierre Auclerc-Galland
Peintre